Amidst a locker room littered with empty beer bottles and overflowing trash, the AS Trédrez-Locquémeau team prepares for a rain-soaked training session. Despite a recent decline, the club remains a beacon of camaraderie for its players, balancing the pursuit of athleticism with the joys of convivial gathering.
AS Trédrez-Locquémeau : Un petit club breton en difficulté, confronté à des obstacles insurmontables
Dans un vestiaire vide, le grondement des bidons de bière et le bruit des tessons de verre qui s'entrechoquent brisent le silence. Les trois premiers joueurs, arrivant un quart d'heure avant un entraînement qui s'annonce humide, se réfugient pour fumer une cigarette. "C'est une astuce de sportifs, ça aère les poumons", expliquent-ils. Ici, le football n'est qu'un prétexte à la convivialité. Mais cela n'a pas toujours été le cas.
Entre 2020 et 2022, l'AS Trédrez-Locquémeau a connu les années les plus glorieuses de son histoire, évoluant en Régional 3, atteignant un niveau auquel le club n'était pas vraiment préparé, et réalisant des parcours élogieux en coupe. Depuis, la situation s'est dégradée : deux relégations consécutives ont mené le club en deuxième division de district, où il lutte pour sa survie. "Le vrai niveau du club, aujourd'hui, c'est le haut de tableau de D2", estime Romain Le Bescont, l'entraîneur. Son équipe, actuellement engluée à la dixième place, devrait tout de même parvenir à se maintenir. Une saison difficile, une de plus.
Depuis la saison 2013-2014, qui a marqué le retour de l'activité du club après des années de sommeil, l'AS Trédrez-Locquémeau a connu quatre montées et deux descentes en sept saisons complètes ! Chaque début de saison, le club écope d'une amende de 1 300 € pour manque d'arbitres. "La Covid nous a tués", tonne l'entraîneur aux genoux grelottants, frigorifié par la pluie, qui fait une pause, cônes en main. "On était monté (en R3) avec quelques joueurs qui n'étaient pas du coin et quand tu descends, tout le monde se barre. Aujourd'hui, les jeunes consomment. On voit ça partout. Le président d'un club du coin, en D1, m'a dit : 'J'arrête de prendre des gars de l'extérieur. S'ils ne sont pas de la commune, je ne prends plus.'"
Les départs n'ayant pas été compensés, les équilibres se sont effondrés. En effet, les arbitres se font rares à Trédrez-Locquémeau depuis six ans, trois saisons de trop pour les instances, qui suspendent toute mutation au bout de trois années consécutives d'infraction. "Chaque début de saison, on prend 1 300 € d'amende à cause du manque d'arbitres. La subvention de la mairie part directement dans l'amende dès le début de saison", se plaint Romuald Libouban, le président du club.
Très direct, le patron-pêcheur, qui joue également, énumère toutes les rénovations effectuées ces dernières années : changement des rembardes, du filet pare-ballon, rétrécissement puis rallongement du terrain, vestiaires déclarés insalubres... "On est une commune de 1 200 habitants, on a fait 170 000 € de travaux...", calcule le dirigeant costarmoricain.
"Le R3, c'était un peu haut pour le club, surtout pour les infrastructures", estime Adrien Augel, joueur au club depuis plus de dix ans. "C'était une expérience sympa, et il fallait qu'on y aille au moins une fois, pour montrer que les petits clubs peuvent faire de grandes choses. Après, il y a eu des départs, puis des joueurs qui n'acceptaient pas de perdre tous les dimanches. Nous, les gars du coin, on est resté. C'est là qu'on voit qui est là pour le club."
L'AS Trédrez-Locquémeau peut au moins se targuer de disposer d'un local rénové. "J'ai réussi mon pari, la mairie a mis de l'argent, ils m'avaient dit de faire trois saisons en R3 pour les travaux, on les a faites, dont deux qui ont été coupées", se félicite Libouban, qui peine néanmoins à dénicher un seul arbitre. Ce qui lui fait dire qu'à terme, "comme dans tous les clubs du coin, il faudra faire une fusion."
Dans le vestiaire, la fusion a déjà eu lieu. Un deuxième pack de bières, rempli, s'est ajouté au premier, au milieu des vêtements des douze joueurs présents à l'entraînement. "Aujourd'hui, avec les gars du coin, c'est football, plaisir", résume Romuald Libouban. On veut bien le croire.